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Carine Boko nous raconte l'auteure Chimamanda Ngozi Adichie

Chimamanda, je l’ai découverte à travers sa présentation lors d’un TEDX que j’ai suivi sur YouTube. J’ai tout de suite aimé cette aisance et élégance avec laquelle elle nous comptait son histoire avec la lecture et l’écriture. Elle en parle si naturellement et avec une de ses prestances.

J’aime cette authenticité africaine qu’on retrouve dans ses livres. Ses personnages africains, son origine, sa culture et ses valeurs qu’elle ne manque de partager. Avec elle, j’ai pu me faire une définition du féminisme. Et voir à quel point ce combat est pertinent et profond. C’est une écrivaine engagée. Il vous suffira de lire un seule de ses livres et vous comprendrez énormément de choses.

Le livre qui m’a marqué, L’hibiscus pourpre

L’Hibiscus pourpre aborde des sujets tels que les violences familiales, la recherche de son identité, la construction de soi, les oppositions culturelles dans la société mais aussi au sein de la famille. Ce livre ne conte pas seulement une histoire, il nous la décortique sans tabou et nous met devant des comportements, des faits, des situations de société sur lesquels nous jouons très souvent les aveugles.

Avec elle, j’ai pu me faire une définition du féminisme. Et voir à quel point ce combat est pertinent et profond.

Carine Boko

Il a suscité en moi un sentiment de révolte. J’étais révoltée face à l’attitude du père Eugène avec ses enfants et sa femme. L’impuissance de la mère face à tous ces agissements me laissait par moment mal. Le silence coupable de ses adultes m’étouffaient, les chaines invisibles sur les mains de ces enfants me torturaient. J’étais impuissante. Ce n’était qu’une histoire, mais cette histoire, nous la voyons chaque jour, au détour de la rue, dans les cris du fils du voisin, dans les yeux de notre voisine de classe, dans les marques rouges de cette mère de famille, dans les yeux perdus de ce père…

Être muette, ne dis rien. Tu ne sais rien. Garde toi d’élever la voix. Ces problèmes ne te regardent pas…

L’Hibiscus pourpre raconte l’histoire de Kambili, une jeune fille élevée dans une famille nigériane aisée, religieuse et stricte, où le père mène son monde à la baguette et impose sa violence. Mais un coup d’Etat contraint Kambili et Jaja, son frère aîné, à quitter leurs parents. Ils découvrent qu’une autre sorte de foyer existe. Ce changement radical pousse l’adolescente à s’interroger et à remettre en question son éducation.

Mon personnage préféré : Tatie Ifeoma. Avec elle, c’était un foyer plein de vie. Un monde loin des pressions religieuses et paternelles. Là, ils devaient apprendre à vivre librement, se construire.

J’aime la lire dans ma chambre, dans une bibliothèque ou un espace calme. On s’y transporte facilement. Alors, vous lisez quand du Chimamanda ?

Je vous partage un extrait de ce livre :

« J’étais dans ma chambre après le déjeuner, en train de lire le chapitre V de l’Epître de Jacques parce que j’allais parler des racines bibliques de l’onction des malades pendant le temps familial, quand j’entendis les bruits. Des coups rapides et lourds sur la porte gravée à la main de la chambre de mes parents. Je m’imaginais que la porte s’était coincée et que Papa essayait de l’ouvrir. Si je l’imaginais assez fort, alors ça deviendrait vrai. Je m’assis, fermais les yeux et me mis à compter. Compter donnait l’impression que ça ne durait pas si longtemps que ça, que ça n’était pas si grave. Parfois, c’était fini avant que j’arrive à vingt. J’en étais à dix-neuf quand les bruits cessèrent. J’entendis la porte s’ouvrir. Les pas de Papa sur les marches étaient plus lourds, plus gauches que d’habitude.

Je sortis de ma chambre au moment où Jaja débouchait de la sienne. Debout sur le palier, nous regardâmes Papa descendre. Maman était jetée sur son épaule comme les sacs de riz en jute que les ouvriers de son usine achetaient en gros à la frontière à Seme.
« Il y a du sang par terre, dit Jaja. Je vais chercher la brosse à la salle de bains. »
Nous nettoyâmes le filet de sang, qui s’étirait jusqu’en bas comme si quelqu’un avait descendu un bocal d’aquarelle rouge percé, qui aurait dégouliné tout du long. Jaja frottait, et moi j’essuyais. »

Mots de Christina N’da

Je vous invite à découvrir Chimamanda Ngozi Adichi, sa plume légère vous transporte dans nos cultures et coutumes africaines particulièrement nigériane. Redécouvrez dans ces mots les rues que nous connaissons, les expressions que nous aimons et le chez nous, avec ses qualités et ses défauts. En élargissant ainsi notre vue, nous voyons les couacs de nos sociétés. Nous ne sommes pas parfaits mais nous devons travailler à l’être. Ses livres devraient être lus pas tous et surtout par des adolescentes. Pour comprendre notamment le féminisme, les conditions de la femme dans nos sociétés, l’affirmation de soi… Il faut tôt commencer à leur montrer le monde : leur monde.

Lisez hier, lisez aujourd’hui et lisez toujours !

Si vous souhaitez lire un autre passionné c’est : ici !

Propos recueillis par Christina N’da

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Auteur·e

legrimoiredetina

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