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Il était une fois Kaya: première écrivaine ivoirienne

Simone Kaya, une histoire contée

Elle s’appelait Simone Kaya, fille de Monsieur Kaya originaire du Burkina Faso. Elle nait à Bouaflé en 1937. Son père désireux d’avoir des filles qui sachent lire et écrire, l’envoie à l’école à Bocanda. Il vient de réveiller un talent.

Quand elle a 13 ans, elle part en France où elle suit une formation d’infirmière. A son retour, elle s’installe d’abord à Brazzaville, puis à Yaoundé et enfin à Abidjan. Elle y travaille comme infirmière et assistante sociale et dirigera plus tard l’INFS (Institut national de la formation sociale). Simone Kaya fut la première infirmière d’État de la Côte d’Ivoire à seulement 21 ans et la première directrice de l’INFS.

C’est en 1976, que sa plume s’éveille et qu’elle présente au lectorat ivoirien le premier roman ( Les danseuses d’Impé-Eya) d’une plume féminine ivoirienne et cela plusieurs décennies après la naissance du premier roman ivoirien. 

Dans cette quasi biographie, elle retrace sa vie d’adolescente à Abidjan, grande ville de Côte d’Ivoire. Une adolescence au parfum des jeunes filles de son époque. Un rappel de ces jeux, regards, de son paysage de cette société en évolution.

En 1984, elle sortira un deuxième roman (Le prix d’une Vie) , lui aussi autobiographique. Elle y raconte non seulement une tranche de sa propre vie, mais aussi l’histoire d’une génération d’ivoiriennes.

Elle nous quittera en 2007 à la suite d’une méningite.

Trouvez des images de Simone Kaya ici : Simone Kaya

L’évolution de l’écriture féminine 1970 à 1990

Après l’ouverture du monde l’écriture par Simone Kaya, dans la période 1976 à 1989, on note une évolution notable dans la production romanesque féminine qui augmente avec huit (8) présences féminines sur trente-quatre romanciers ivoiriens soit 22.22% des auteurs (source Université Félix Houphouët Boigny –Abidjan, Côte d’Ivoire, Kouassi Flora, Article soumis le 20/05/2020, accepté le 17/12/2020 et publié le 31/12/2020). Dans l’ordre chronologique voici le nom de ces ecrivaines :

1 KAYA Simone Les danseuses d’impé-EYA Abidjan – Inades 1976

2 BOLLI Fatou Djigbo Abidjan – CEDA 1977

3 YAOU Régina Lezou Marie ou les écueils de la vie Abidjan – NEA 1982

4 ADIAFFI Anne Marie Une vie hypothéquée Abidjan – NEA 1983

5 KOUADIO Akissi Un impossible amour Abidjan – Inades 1983

6 AKA Amani Marie-Gisèle Les haillons de l’amour Abidjan, NEA 1983 N° Auteur Œuvre Lieu – Edition Année

7 KACOU Oklomin Okouassai ou mal de mère Abidjan – CEDA 1984

8 KAYA Simone Le prix d’une vie Abidjan – CEDA 1984

9 YAOU Régina La révolte d’Affiba Abidjan, NEA 1985

10 YAOU Régina Aihui Anka Abidjan, NEA 1985

11 TADJO Véronique A vol d’oiseau Paris -Abidjan – CEDA Hati

De nos jours

Aujourd’hui, nos librairies, bibliothèques, maisons d’édition sont de plus en plus investis de femmes écrivaines ou à la tète de ces structures. En écriture, elles ne se limitent plus à la prose romanesque mais explorent toutes les lignes de cet art. Elles se diversifient, abordent plusieurs thèmes. Celles qui ont attendu plus de 20 ans après la sortie du premier roman ivoirien n’ont plus peur, refusent les critiques et se lancent :

Les nouvelles avec Anzata Ouattara ( Les coups de la vie )

La poésie avec Tanella Boni ( Là où il fait si clair en moi )

La bd avec Maguerite Abouet ( Aya de Yopougon )

Ma rencontre avec Kaya

Quand j’ai vu la couverture de ce livre, un brin du passé m’est apparu. De jeunes filles dans la rue d’Abidjan qui s’amusaient. Quel était leur jeu, leur pensée, quel artiste préféré elles avaient ? Aimaient-elle papoter ? Etaient-elles amoureuses ? Que pensaient-elles du monde et que pensaient-elles de nous qui arrivions mais qui n’étions pas encore là ?

Ce petit instant m’a fait pensé à Simone Kaya, aux soirs où assise à la lune elle écrivait ses mots. Aux soirs où elles donnaient de la voix aux femmes. Aujourd’hui mes mots voltigent. Ils courent et libèrent mes mains, mon cœur de leurs pressions. Je dis en écrivant, je vis en écrivant et je n’oublie pas qu’il a fallut une pour lancer les autres plumes féminines.

Merci madame et que mes mots vous rendent hommages.

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Auteur·e

legrimoiredetina

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